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Accéder au siteOrigine de l’étude :
Afin de pérenniser une pêche de qualité dans nos cours d’eau bas alpins, les collectivités piscicoles cherchent toujours à en savoir un peu plus sur la biologie de nos poissons d’eau douce pour mieux les connaitre et mieux les protéger.
Poisson emblématique de nos cours d’eau de moyenne et haute montagne, la truite est probablement l’une des espèces de poissons qui a été la plus étudiée.
Longtemps, ces différentes études ont eu pour vocation d’améliorer la production des salmonicultures (élevage de truites et de saumons), notamment dans l’objectif de remplacer les poissons disparus dans les cours d’eau à cause des activités humaines.
Les travaux de recherches les plus récents ont mis en avant qu’il ne suffisait pas de remplacer un poisson par un autre de la même espèce pour sauver une population d’un cours d’eau. Ces dernières ont prouvé, que ces truites domestiquées, inadaptées à nos cours d’eau, ne restaient pas très longtemps dans les rivières. En gros, la domestication a fait perdre les caractéristiques sauvages à la truite de pisciculture. C’est comme si on s’amusait à comparer un chihuahua d’une starlette hollywoodienne à son illustre ancêtre le loup.
La Fédération des Alpes de Haute Provence pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique a proposé, en avril 2009, d’identifier d’éventuelles souches autochtones et sauvages de la truite fario sur certains bassins versants de montagne. C’est ainsi qu’est née l’étude génétique de la truite fario sur les bassins versants du Coulomp, de l’Ubaye et du Verdon qui s’est achevée en juillet 2013.
Cette étude avait un double objectif : savoir si des populations originelles existaient encore, et connaître l’impact réel des alevinages sur ces souches sauvages.
La partie « terrain », réalisée conjointement avec les sociétés de pêches locales (AAPPMA) consiste à réaliser des pêches électriques (mode de pêche soumis à autorisation préfectorale) afin de choquer 30 individus sur un site précis (16 sites identifiés dans cette étude). Ce choc électrique est inoffensif pour le poisson mais cela permet de le neutraliser, le temps de le capturer. Les poissons sont ensuite endormis avec un anesthésiant afin de prélever un petit bout de nageoire qui sera placé dans un petit tube contenant de l’alcool afin de le conserver.
Après un réveil en eau calme, les poissons sont relâchés dans leur intégralité dans le cours d’eau où ils ont été prélevés. A ce stade, le travail des pêcheurs s’arrête ici. Les tubes contenant les nageoires sont envoyés au laboratoire de génétique de l’Université de Montpellier où ils seront analysés par le Professeur Patrick BERREBI (personnalité de premier plan en matière de génétique) afin de déterminer l’origine des truites de nos cours d’eau.
Dans notre dernier numéro, nous vous présentions pourquoi et comment réaliser une étude génétique. Quel en est le résultat et les conséquences sur la gestion des collectivités piscicoles ?
Cette étude a permis d’échantillonner 475 truites farios répartis sur 16 sites : 6 en Ubaye, 5 sur le Coulomp et 5 sur le Verdon.
L’étude sur ces bassins versants montre des résultats très surprenants :
- Globalement, les truites farios prélevées font partie de la souche locale (78.1 % des poissons sont autochtones).
- 5 sites ne présentent aucun poisson provenant de pisciculture.
- L’Ubaye qui a déjà bénéficié d’une étude génétique en 1997 prouve que lorsqu’on arrête les alevinages, les poissons autochtones prennent le dessus sur les poissons domestiques et redeviennent majoritaires.
- Plus les poissons sont âgés, plus ils ont de chance de provenir de la souche autochtone : ceci conforte l’hypothèse que les truites domestiques s’adaptent bien moins que les truites locales et qu’elles disparaissent au fur et à mesure.
Paradoxalement, même s’il ne s’agit pour l’instant que d’une tendance, il semblerait que le nombre de poissons, à surface et station comparable, soit plus important sur les stations non alevinées que sur les stations où on lâche beaucoup de truitelles. Ceci traduirait un impact direct des truitelles lâchées sur les truitelles sauvages, beaucoup plus petites (éclosion plus tardive et alimentation nécessitant une dépense d’énergies). Ces dernières ne supportent pas la concurrence avec des truitelles domestiques plus grosses. Cependant, bien plus habituées à vivre dans des rivières où les conditions changent souvent (faible débit, réchauffement, crues, …), elles ont une espérance de vie bien plus longue que leurs consœurs domestiquées.
On sait désormais, que les rivières où il existe une reproduction de truite, l’alevinage présente peu d’intérêt et peut même parfois être néfaste à la population naturelle locale. Cependant, les cours d’eau où il n’existe plus de population de truites, peuvent bénéficier de ces alevinages dans la mesure où ça n’impacte pas une population déjà en place.
Par ailleurs, le Professeur BERREBI en charge de l’étude génétique, appuyé par la Fédération Départementale, rappelle que la gestion piscicole n’est pas le principal levier permettant l’augmentation des populations salmonicoles : un travail de fond, basé sur la restauration des cours d’eau semble être une solution plus efficace à long terme.
Les AAPPMA, fortes de ce constat, ont décidé de baisser leur dotation en provenance du centre piscicole fédéral situé à Marcoux. Cela permet de répondre plus efficacement aux exigences du milieu. Cette décision courageuse, compte-tenu des pratiques anciennes de repeuplement, semble indispensable à la pérennisation de souches locales.
Les pêcheurs, soucieux de préserver leur patrimoine, ont bien compris la nécessité de réduire les alevinages au strict nécessaire.