Le site institutionnel de la Fédération Nationale de la Pêche en France
Accéder au siteLe site institutionnel de la Fédération Nationale de la Pêche en France
Accéder au sitegenerationpeche.fr – Toute l’actu de la pêche en France
Accéder au siteTrouvez les informations pêche de votre département
Accéder au sitecartedepeche.fr - Le site officiel pour obtenir la carte de pêche de votre association agréée
Accéder au siteLe Barbeau méridional est une espèce piscicole subendémique au niveau national que l’on retrouve spécifiquement dans le sud de la France et principalement sur le pourtour méditerranéen.
Sa population, en net déclin depuis plusieurs décennies, est fortement impacté par la compartimentation des cours d’eau, par les prélèvements en eau et le réchauffement climatique qui assèchent de plus en plus les rivières en période estivale et font disparaitre les petites populations des très petites masses d’eau de la zone climatique à influence méditerranéenne.
Le département des Alpes de Haute Provence accueillait de belles populations de barbeaux méridionaux.
Cependant cette espèce est de moins en moins échantillonnée en pêche d’inventaire classique laissant craindre une disparition progressive de l’espèce dans bien des cours d’eau bas alpins.
Cette espèce, par ailleurs protégée tant au niveau national (Liste rouge des poissons d'eau douce de France métropolitaine, Arrêté du 8 décembre 1988 fixant la liste des espèces de poissons protégées sur l'ensemble du territoire national) qu’international (annexes II et V de la Directive habitat-faune-flore, annexe III de la Convention de Berne), méritait des prospections spécifiques dont l’objectif consistait à savoir où elle était encore présente.
A la demande de l’AAPPMA la Gaule Oraisonnaise, soucieuse de l’état de présence de cette espèce « parapluie », la FDAAPPMA 04 a programmé vingt-neuf sondages piscicoles, entre le 11 et le 18 juillet 2019, sur les bassins versants du Largue et du Lauzon dans l’espoir de contacter des populations de barbeaux méridionaux.
A termes, une meilleure connaissance des populations de cette espèce de barbeau doit permettre une protection accrue afin de préserver les noyaux populationnels encore existants notamment au regard des travaux engagés dans les rivières par la prise en compte des besoins spécifiques de cette espèce dont la biotypologie est à mi-chemin entre la zone à truite et la zone à ombre commun, occupant ainsi une niche très particulière.
Le Barbeau méridional (Barbus meridionalis) est une espèce de la famille des cyprinidés et du genre Barbus qu’il partage avec le barbeau fluviatile qui est beaucoup plus commun et de se rencontre partout en France.
Ces deux espèces, proches génétiquement, s’hybrident assez facilement, à tel point qu’il est très fréquent de rencontrer des zones intermédiaires contenant beaucoup d’hybrides entre une zone amont où l’on ne rencontre que le barbeau méridional et une zone aval où l’on ne contacte que le barbeau fluviatile. Ce dernier semble remonter de plus en plus haut en élargissant son aire de répartition à la défaveur du barbeau méridional dont l’aire de répartition semble se restreindre.
Cette espèce, plus petite que le Barbeau fluviatile, dépasse rarement 25 cm et 200 g. Outre sa taille, elle s’en distingue par des marbrures marrons sur le dos, les flancs et les nageoires, par un petit nombre d’écailles sur la ligne latérale et par une nageoire anale relativement longue, atteignant l’origine de la caudale, quand on la rabat en arrière. (Bensettiti, F. & Gaudillat, V. 2004).
Les bassins versants du Lauzon et du Largue ont été privilégié compte-tenu que ces deux bassins versants contenaient des populations ancestrales de barbeau méridional et que la demande émanait de l’AAPPMA locale.
Les affluents et sous affluents du Largue et du Lauzon, ainsi que les deux cours d’eau principaux ont été échantillonnés afin d’assurer un maillage géographique important et une répartition équitable des stations entre les deux rivières, leurs affluents et sous-affluents, l’objectif étant de trouver aussi bien des populations encore bien installées que d’éventuelles populations relictuelles isolées du petit chevelu.
Ainsi 12 stations ont été prévues sur le bassin du Lauzon et 17 stations sur le bassin du Largue, ce dernier occupant proportionnellement une plus grande surface.
FD04 Bassin Versant du Lauzon
Sur les 11 stations ayant fait l’objet d’un sondage piscicole, 5 stations sont occupées par le barbeau méridional et une station voit une population hybride entre le barbeau fluviatile que l’on retrouve plus aisément en Durance et le barbeau méridional (en vert sur la carte). Cette dernière station marque la limite aval de l’aire de répartition du barbeau méridional sur le bassin du Lauzon.
La population de barbeau méridional située au pont des Janets sur le Lauzon (station 5), est la plus importante population connue de cette espèce dans les Alpes de Haute-Provence.
Le Beuveron, affluent principal du Lauzon, semble accueillir sur l’ensemble de son linéaire, le barbeau méridional, bien que des prospections plus fournies doivent le confirmer.
Sur les 17 stations ayant fait l’objet d’un sondage piscicole, seules trois d’entres elles accueillent une population de barbeau méridional (en vert sur la carte). L’absence de cette espèce sur la plupart des affluents du Largue en dehors de la Laye et de l’Aiguebelle pose question alors que la plupart d’entre-eux correspond à la gamme biotypologique dans laquelle on la retrouve.
L’absence avérée sur l’Ausselet peut potentiellement être récente et en lien avec une pollution subie la semaine précédant le sondage piscicole.
La présence de nombreux infranchissables peut expliquer la disparition de cette espèce sur la plupart des affluents et sous-affluents du Largue.
FD04 Bassin versant du Largue
Bien que peu rencontré lors des inventaires piscicoles classiques, notamment dans le cadre du réseau de suivi piscicole 04 qui alimente le PDPG, le barbeau méridional reste malgré tout bien présent sur les bassins versants du Largue et du Lauzon.
Toutefois, il semble plus abondant sur le bassin du Lauzon où on le retrouve sur l’ensemble du bassin versant tant sur les affluents qui restent en eau que sur les deux cours d’eau principaux : le Lauzon et son principal affluent, le Beuveron.
Sur le bassin versant du Largue, la situation de l’espèce est plus précaire car sa répartition semble s’effectuer par petits noyaux de populations relictuels. Cette faible présence, en comparaison au Lauzon peut s’expliquer par la présence plus importante d’infranchissables mais également par des prélèvements en eau sur le haut du bassin versant qui conduisent à l’assèchement de certains affluents du Largue.
De manière générale, la limité altitudinale de l’aire de répartition du barbeau méridional se situe globalement autour de 400 m d’altitude en dessous de laquelle, on retrouve une zone tampon où cohabitent les deux espèces de barbeaux pour ne plus retrouver que le barbeau fluviatile en fermeture des deux bassins versants.
La fragmentation de la population de barbeau méridional et l’isolement de petits noyaux de population parfois menacés à courts termes, notamment sur le bassin du Largue, doit inciter à prendre ou à renforcer les mesures nécessaires à sa protection en matière de prélèvement en eau, de rétablissement des continuités écologiques ou encore de travaux en rivières.
La situation du ravin de Bourianne, sur le bassin du Lauzon est symptomatique de l’effet combiné de la sécheresse estivale, des prélèvements en eau et de la multiplication des infranchissables : les populations de barbeau méridional sont très isolées, sans possibilité de recolonisation. Leur survie à court terme est fortement dépendante des évènements climatiques extrêmes et de l’utilisation de la ressource en eau. A long terme, elles sont menacées par l’isolement géographique qui peut induire une perte de diversité génétique qui conduirait à des difficultés d’adaptation.
Cette étude permet à la fédération de pêche d’inciter les services de l’état à prendre en compte convenablement cette espèce patrimoniale lorsqu’ils instruisent des dossiers d’autorisation de travaux en rivière sur les bassins du Lauzon et du Largue.
C'est aussi un argument de plus pour lutter contre les prélèvements abusifs qui ont parfois lieu sur ces cours d'eau.
Cela a pour avantage de protéger cette espèce en amont ainsi que les autres espèces présentes dans ces ruisseaux.