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Accéder au siteL’hydroélectricité, comment ça marche ?
L’idée est de se servir de la force du courant d’une rivière pour fournir de l’électricité comme le ferait un cycliste équipé d’une dynamo sur son vélo à la force des jambes.
En créant une prise d’eau qui détourne l’eau de la rivière, l’eau est transportée en aval vers une turbine qui va tourner à la force de l’eau afin de créer un courant électrique dans un générateur. Ce courant sera ensuite transformé afin d’être transportable dans le réseau électrique classique.
Le débit naturel est en moyenne divisé par 10 à l’aval de la prise d’eau. Cela veut dire que 90 % de l’eau passe dans la turbine et ne va pas à la rivière sous la prise d’eau. Une fois turbinée, cette eau retourne dans la rivière via un canal de fuite. Entre ce dernier et le barrage ou seuil de dérivation situé en amont, cela s’appelle le tronçon court-circuité qui reçoit le débit réservé (les 10 % du débit restant). Ce débit réservé n’est souvent pas adapté sur les cours d’eau de montagne à fort transport sédimentaire et provoque des assecs artificiels (dernier exemple en date : la Séveraisse dans les Hautes Alpes)
Les impacts de ces ouvrages sur la rivière sont très vite perceptibles :
FD04 Mortalité piscicole liée à l'arrêt de turbinage sur une microcentrale des Alpes de Haute Provence
Quand le principal levier économique du département est le tourisme de pleine nature, il est difficile de concilier les usages touristiques avec des aménagements dénaturants profondément le territoire. Que dire de ses aménagements en béton qui laissent peu de débit à l’aval de la prise d’eau et donnent l’impression d’un cours d’eau au bord de l’assec ? Comment expliquer l’intégration paysagère de ce type d’ouvrage dans une vallée sauvage, secteur recherché pour se ressourcer et oublier ses soucis urbains.
Comment ne pas rappeler que la pêche à elle seule, représente un chiffre d’affaire d’environ 5 millions d’euros qui retombent directement chez les commerçants des Alpes de Haute Provence. Si ce potentiel est sacrifié sur l’hôtel de la petite hydroélectricité, est-ce que cette dernière compensera les pertes financières pour les commerçants bas alpins profitant du tourisme de pleine nature ?
Comment ne pas rappeler que le monde associatif de la pêche plaide très favorablement à la restauration des continuités écologiques car notre département est déjà fortement touché et ne mérite pas de l’être plus. L’hydroélectricité n’est pas la seule à faire obstacle à la libre circulation des poissons et des sédiments : beaucoup de seuils de protection de route ou d’ouvrages d’art et de seuils destinés à l’irrigation existent aussi dans notre beau département et sont autant de freins à la vie piscicole. Sur la carte ci-contre, chaque point représente un obstacle à l’écoulement.
Le département est déjà suréquipé en petite hydroélectricité, les projets de microcentrale ne participent absolument pas à la stratégie énergétique régionale. D’ailleurs la région PACA a précisé les objectifs de développement des énergies renouvelables à l’horizon 2030 au travers du Schéma Régional Climat Air Energie (SRCAE). Ce document fait apparaitre que le petite hydroélectricité n’apporterait que 1.56 % des objectifs de puissance en énergie renouvelable soit un peu moins de 0.6% de l’ensemble des sources d’énergies et que cet apport ce fera surtout en optimisant les installations déjà existantes.
Enfin, contrairement aux énergies éolienne et solaire, la petite hydroélectricité est peu génératrice d’emploi car son potentiel est déjà complètement exploité.
Doit-on sacrifier nos cours d’eau dans nos vallées préservées pour des intérêts privés qui ne répondent pas à un réel besoin énergétique local ou régional ?
Malheureusement, beaucoup de projets commencent à éclore notamment sur le Parpaillon et le Riou Mounal dans la vallée de l’Ubaye ainsi que le torrent de la Chasse dans le Haut Verdon.
Cependant, malgré la démultiplication de ces projets, il conviendrait au préalable d’en mesurer les impacts sur l’économie locale qui sera la grande perdante face à de nouvelles verrues dans le paysage bas alpin.
Que dire également de l’impact sur les milieux quand ces mêmes milieux risquent de ne pas atteindre les objectifs environnementaux fixés par la Directive Cadre Européenne sur l’Eau (23 octobre 2000). Cette directive impose le bon état écologique de toutes les eaux superficielles (cours d’eau notamment), souterraines et côtières d’ici 2015. Ne pas répondre à cette obligation imposera à la France de lourdes pénalités de retard, se chiffrant en centaine de millions d’euros. Qui payera les pénalités de retard se chiffrant en milliers d’euros par jour car certains cours d’eau n’auront pas atteint comme prévu le bon état écologique ou n’auront pas respecté le principe de non dégradation … ce sont les contribuables bien sûr.
Enfin, l’ironie du sort veut que cette énergie dite propre alors qu’elle détruit nos cours d’eau les uns après les autres, devra être obligatoirement rachetée au prix fort par EDF … ce qui sera bien sûr répercuté sur la facture des consommateurs.
Il est plus que temps d’abandonner l’écologie contemplative au profit d’une écologie pragmatique.
Une veille permanente s’organise désormais dans nos vallées bas-alpines. Les structures associatives de la pêche prendront toutes les mesures nécessaires pour éviter que de nouveaux projets voient le jour. Nous avons conscience de la richesse exceptionnelle de notre patrimoine naturel. Nous avons d’ailleurs investi massivement dans le domaine de la connaissance piscicole. Par bassin versant, les études génétiques ont pu démontrer des différences entre les populations de truites Fario. La truite Ubaye, la truite Verdon ou la truite du Coulomp ne sont pas les mêmes. Elles possèdent leurs propres caractéristiques. « Façonnées » depuis des milliers d’années par tous les aléas que subissent nos vallées et plus particulièrement nos cours d’eau. Comme les conditions de sécheresses actuelles. Naturellement nos poissons se défendent et s’adaptent à des conditions parfois extrêmes. Mais le naturel est de plus en plus rare et la main de l’homme n’est jamais très loin. Nous l’avons constaté dans certains secteurs ou les prélèvements d’eau illégaux sont nombreux. Nous déplorons également l’extrême faiblesse de certains débits réservés. Certes réglementaires mais bien trop faibles pour assurer toute vie piscicole et aquatique dans le lit de la rivière. Les pêcheurs ont des exemples précis de disparation totale de toute vie aquatique à l’aval de certains ouvrages…Le combat continu…